La Traverse





Roman graphique, écrit en collaboration avec le dessinateur Edmond Baudoin.
Sorti en octobre 2019.

Petite introduction :

Les rails, les lignes de nos vies qui filent vers l'avant, et ces traverses qui relient les vies entre elles, comme ce livre. Enfant, on a joué sur les lignes de chemins de fer, à sauter de traverse en traverse. On le faisait en rêvant d'ou venait le train et où il allait après le tournant. L'inconnu !

Mais il y a plus : la traverse intérieure, être devant le mur de soi-même, qu'on ne croit pas pouvoir dépasser. La traverse de ce mur, se cogner à soi, longtemps. Souvent nous sommes devant des éléments incompréhensibles pour nous, violents parfois, qui peuvent nous faire bouger intensément, sur le balcon de l'enfance ou dans un pays lointain. Traverser, c'est quelque chose, en vérité, que nous faisons en nous.

La traverse, c'est aussi se mettre dans une situation d'inconfort. C'est sortir de nos pantoufles, mettre des chaussures pour aller ailleurs, pour permettre à notre intériorité de se désorienter. Il y a quelque chose d'une nécessité à se délocaliser. Quand Edmond dessine les arbres, il ressent et montre leur volonté d'aller vers le haut. Deleuze disait qu'il aimait les racines, l'herbe qui va sous la terre et ressort de l'autre côté, le rhizome. La vie était pour lui comme une table sur laquelle on déplace le doigt, de territoire en territoire. Il appelait cela déterritorialisation. La traverse fait partie de cette chose horizontale, et non pas verticale. Alors la montagne dans tout ça ? Elle semble être un des derniers endroits où on peut encore se déterritorialiser. La traversée de cet espace, c'est véritablement aider notre nous à nous traverser. Traverser physiquement, pour aller plus loin que les cols, que les murs.

Dans ce livre, toutes ces traversées, cette solitude, c'est pour comprendre la violence d'un moment, de ce précipice béant qu'est la mort. Et aller au-delà. Finalement, nous sommes tous en déséquilibre sur la traverse, entre deux rails, entre un questionnement et notre propre réponse. Et personne ne sait quand il arrivera sur l'autre bord, ou s'il y arrivera jamais.


J’en parle à la radio :

https://www.francebleu.fr/emissions/passion-montagne/pays-de-savoie/passion-montagne-35





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